DANS UN SOUCI D'APAISEMENT JE SUPPRIME LE CONTENU DE CETTE NOTE.
DANS UN SOUCI D'APAISEMENT JE SUPPRIME LE CONTENU DE CETTE NOTE.
... et des poussières.
Eh bien, ce ne sont pas mes jours.
Réunion avec le Président de l'Université aujourd'hui. Festival de lâcheté de la part de ceux qui veulent "neutraliser" le semestre en faisant passer tout le monde, cela afin de ne pas se déclarer gréviste. "Mais c'est incohérent... Mais c'est hypocrite... Et comment rattraper en trois semaines... Et si les étudiants ne se présentent pas..." Cela parce que le conseil d'administration a exigé que tous les cours qui peuvent l'être soient rattrapés et clos en mai et évalués en juin. Cela implique que les grévistes assument le fait qu'ils ne feront pas cours.
Le mieux : une collègue, qui fait grève contre la "mastérisation", déclare comme s'il s'agissait d'une bombe que la décision du conseil d'administration ne tenait pas compte "des obligations de ceux qui font partie des jurys de concours". J'avais envie de me lever et de dire "Eh bien démissionne du jury de concours et occupe-toi de tes étudiants." C'est la même qui m'avait salué d'un "bonne solitude!"
Et le pire est que cette réunion, je crois, a porté un coup fatal à une amitié de douze ans. Je n'étais plus en mesure de comprendre mon collègue, qui était mon ami, tapant sur la table et parlant de "l'hypocrisie" du conseil d'administration.
Je suis parti avant la fin, avec une persistante envie de vomir. Je suis allé dans notre bureau commun, à cet ami et moi-même, j'ai fumé, fumé, fumé, sans ouvrir la fenêtre, sachant combien cela le dérange. Le soir je lui ai écris que j'avais décidé de fumer dorénavant où je voudrais car je ne me sentais pas tenu par les décisions hypocrites du conseil d'administration voulant faire appliquer la loi Evin.
A peine sorti de là M. la Jolie m'appelle, m'apprenant que j'ai par mégarde déréglé sa porte d'entrée et qu'elle est enfermée hors de chez elle. Serrurier pour l'ouverture de la porte, re-serrurier pour le remplacement du mécanisme, tout cela depuis le TGV, entre deux tunnels. Total : 460 euros, plus le train.
Résumé des épisodes précédents: Après la transformation de M. la Jolie en génie du mal, et la fructueuse association qui s'ensuivit par la création de la start-up rapid-lapid.com (matériau et conseil en lapidation), cette coopération fut ébranlée par la disparition de la clé USB de votre serviteur, affaire dans laquelle la même M. la Jolie était classée suspecte n°1. Tout devait pourtant se terminer au mieux puisque la clé fut retrouvée en Vendée, dans la poche d'une veste oubliée. Cependant, le régime suivi par votre serviteur souffrit un coup fatal du fait de l'achat et la consécutive absorption d'un sandwich grec. Restait alors à votre dévoué à faire ses adieux au fromage et à se limiter à la consommation de pommes.
Dans l'épisode d'aujourd'hui, votre serviteur - appelons-le Anthropopotame - revient de Neverland épuisé, et s'apprête à vous dire pourquoi.
Levé à cinq heures - poussons des oh ! et des ah ! - je me suis rendu sagement à Neverland pour assurer mes cours de langue portugaise. Lassé de me friter avec les bloqueurs, j'ai accepté la suggestion du doyen de donner cours en fac de science.
D'abord, les première année. Je leur ai expliqué que j'avais été sur le point de ne pas valider leur semestre du fait de leur lâcheté, considérant que cette leçon valait toutes les conjugaisons de la langue portugaise. Mais un ordre express du président m'obligeait à leur donner cours. Tête des première année ! J'ai fondu à les voir accepter mes reproches l'air contrit, et me suis rendu compte que j'avais affaire à de tous jeunes enfants, à qui il faut tout pardonner.
Puis les agrégatives. Il s'agit plutôt de les préparer à une bonne épreuve, à donc abandonner l'air interrogateur de l'étudiant pour assumer une position d'autorité. "Tenez, donnez-moi une recette de cuisine", demandai-je à la candidate, juste pour vérifier qu'elle pouvait faire preuve de décontraction et d'affirmation.
Les troisième année, que j'adore. Aux quatre coins de la salle se trouvent des étudiants complices qui comprennent à peu près mon humour, ce qui permet à l'heure et demie de passer vite.
Enfin les deuxième année, et ce fut une hallucination. J'étais explosé de fatigue, et j'en vois qui regimbent, qui renâclent, suggèrent qu'il faut annuler l'examen, etc. J'ai mis du temps à comprendre qu'il s'agissait de taupes grévistes désireuses d'empêcher la tenue de l'examen. Finalement, après une demie-heure de cours, et comme j'interrogeai une jeune fille sur le texte étudié, elle me rétorqua "Attendez, je sors ma feuille". "Comment ça, vous sortez votre feuille? Vous voulez dire que vous n'avez rien suivi jusque maintenant?" "Non, je suis gréviste". "Eh bien si vous êtes gréviste vous n'avez rien à faire ici, et si vous n'êtes pas gréviste, vous auriez dû suivre normalement le cours. Donc vous pouvez sortir."
Drame drame. Le problème est qu'il s'agissait d'une taupe et qu'elle m'a entendu expliquer la manière dont il fallait s'y prendre avec les bloqueurs (d'abord prendre des photos, puis ne pas perdre son calme, je suis seul apte à décréter si on laisse tomber ou non, etc.). Puis, devant la mollesse de certain, j'ai enchaîné sur un long discours à la Lula ("Je fais mon travail, faites le vôtre, et chacun son métier et les vaches seront bien gardées"). J'étais exaspéré et suis sorti quelques secondes pour ne pas exploser. Et patati et patata l'heure avançait.
Une étudiante que j'interroge s'interrompt au milieu d'une phrase puis s'effondre. Une camarade l'emmène prendre l'air. Puis, quand la fin du cours est annoncée, c'en est une autre qui s'évanouit. Ses collègues l'entourent et veulent à tout prix que j'ignore ce qui se passe, tandis que je me perdais dans un monologue digne de E.R. ("hypoglycémie? choc anaphylactique?") et j'avoue que j'ignorais absolument quoi faire, si prévenir le SAMU ou m'en tenir aux propos rassurants d'une étudiante qui se disait secouriste.
Voilà ma journée, il est 22h30 et j'ai gagné quelques cheveux blancs... et la matière d'une note sur ce blog.
Suite à l'épisode de mardi et au message incendiaire d'un collègue (directeur du département d'anglais) me traitant de "provocateur" et me suggérant de consulter un psychiatre, je m'attendais à un désaveu de la part du président ou du doyen (annonçant par exemple qu'il était illégitime de donner cours en fac de Lettres comme je l'ai fait), et bizarrement c'est le contraire qui s'est produit, comme en témoigne cette circulaire émanant du doyen, aujourd'hui :
Pour répondre aux questions que m’ont posées des enseignants et des étudiants, je tiens à apporter les précisions suivantes :
1. tous les cours peuvent être assurés sur n’importe quel site de l’Université ; ils entreront dans le cadre du service dû par chaque enseignant.
Mais j'apprends que pour faire bonne figure le président a également accordé à la délégation de grévistes qu'aucun jour de grève ne serait retranché des salaires.
Conversation ce matin à propos de l'épisode d'hier.
J'expliquai à mon interlocuteur que j'agissais selon la devise britannique "Fais ce que dois".
Je ne suis pas gréviste, je perçois un salaire, je m'efforce donc d'assurer mes cours. Puis, j'assure ces cours en fac de Lettres car ayant subi une tentative d'intimidation il y a un mois il va de soi que je réagis en persistant, et non en cédant. Enfin, réfléchissant à cette situation : 20 étudiants tassés dans un angle de couloir face à cinq bloqueurs dont trois jeunes filles, qui leur interdisaient de m'obéir tandis que je les exhortais à entrer dans la salle (en maintenant la porte ouverte et dégageant un passage), je me suis demandé s'il avait valu la peine de vivre cette situation humiliante. Je l'ai vécue pour assurer coûte que coûte la validation du semestre d'étudiants qui, en l'absence de risque avéré, ont fait preuve de lâcheté. Je m'interrogeais sur l'opportunité de leur annoncer que je renonçais à valider leur semestre, ayant assumé trois heures de rattrapage face à deux étudiantes seulement.
Mon interlocuteur observait que je devais cependant juger en fonction de l'éthique et des sentiments éprouvés par les autres, ces étudiants qui se sont déplacés et qui soudain se trouvent confrontés à une mêlée, où des étudiants grévistes les insultent, les menacent à demi-mots, et quel était le poids de ma parole face au tourbillon émotionnel qu'ils devaient éprouver à ce moment-là. Ce que j'appelle "lâcheté" était pour eux, sans doute, la manifestation d'un dilemme qu'ils n'ont pas pu résoudre. Mon interlocuteur me suggérait de remonter le temps et de me replacer dans ma propre situation d'étudiant de première année, afin de mieux comprendre ce qui avait pu se produire à ce moment-là.
Malheureusement, ai-je répondu, il se trouve que je me rappelle parfaitement mon expérience d'étudiant de première année. Sauf que je faisais justement partie, à l'époque, des bloqueurs.
Je me suis inscrit pour la première fois à l'université en 1986, dans un cursus intitulé "Lettres, Art, Expression, Communication" à Paris III. Sortant du lycée j'éprouvais beaucoup de mal à concilier la liberté d'assister ou non aux cours, avec les bibliographies imposantes que nous donnaient les professeurs. Dès les premières semaines, on nous demandait de rendre des devoirs portant sur des sujets que je peinais à déchiffrer. J'avais dix-huit ans, l'esprit ailleurs, bourré de projets d'écriture, de liberté, et je ne pouvais me résoudre à rester sagement assis à lire Julien Gracq ou des livres portant sur les intellectuels français de l'après-guerre.
Dès le mois de novembre commença l'agitation qui devait mener au vaste mouvement étudiant de décembre 1986, à la mort de Malik Oussekine et au retrait du projet Devaquet.
Le mouvement a pris comme prend une mayonnaise. Je ne comprenais rien aux enjeux - sinon que la réforme introduisait la sélection à l'Université et menaçait de casser son fonctionnement (et notons au passage que j'ignorais tout du fonctionnement de l'Université française) - mais à plusieurs reprises nos professeurs, en cours, laissaient tomber des allusions au fait que notre place était dans la rue et pas ici. Je me suis donc rapproché des groupes que je voyais se réunir dans les cafés de la rue Censier et de la rue de Mirbel, pour offrir mes services. Je fus intégré et formé à la lutte étudiante et aux principes d'organisation par les responsables locaux de l'UNEF-ID, disparue aujourd'hui. Je participais aux AG. J'admirais ces leaders qui s'exprimaient clairement, j'éprouvais une immense fierté à lire dans les colonnes du Monde et de Libé des comptes-rendus de réunions auxquelles j'avais participé.
J'étais jeune, dynamique, on m'affecta donc au service d'ordre. Nos leaders étaient, je m'en souviens, extrêmement charismatiques, prenaient soin de nous, nous valorisaient. Nos missions consistaient, dans un premier temps, à assurer la sécurité des responsables nationaux de l'UNEF-ID, mais aussi d'autres syndicats étudiants avec lesquels nous étions en pourparlers. Ces jeunes gens (voir ici, ici et ici), à peine plus âgés que nous, formés à la lutte politique, nous apparaissaient comme des chefs intouchables et précieux, porteurs d'un idéal au contour flou mais auquel, étant donnée notre maturité intellectuelle, nous adhérions corps et âmes.
C'était l'époque de la première cohabitation, une période étrange où le Président de la République, François Mitterrand, faisait figure de forteresse assiégée par les jeunes loups du RPR, affichant il est vrai un cynisme libéral qui avait de quoi choquer. C'était l'époque de la constitution et de l'âge d'or de l'association SOS racisme, aux concerts de laquelle nous assistions, communiant aux chansons de Daniel Balavoine, agitant nos briquets.
Les premières manifestations se tinrent mi novembre. Membres du service d'ordre, nous disposions de brassards, nous encadrions la foule colorée qui criait "A bas, à bas la sélection" et "Devaquet, si tu savais..." Nous repérions les jolies filles, nous guidions le troupeau, écartions les indésirables.
Le soir, nous nous retrouvions dans un petit café de la rue de Mirbel, dont le patron communiste nous offrait la tournée. Attablés face à nos spaghettis froids ou notre foie de veau, nous recevions des délégations successives de lycéens, de transfuges du parti communiste, de membres de la CGT, de la LCR, venus nous présenter leur hommage ou nous offrir leur appui. Jusque tard dans la nuit, nous buvions et refaisions le monde. Et Robert, le patron, levait son verre, s'esclaffait, et chantait l'Internationale. C'est dans ce petit bar enfumé que furent créés le Mouvement des Jeunes Socialistes et le syndicat lycéen FIDL.
A mesure que le mouvement prenait de l'ampleur, que nos soirées se multipliaient entre leaders et leurs accompagnants (étions-nous vraiment devenus des gardes du corps ?), nous étions toujours plus fascinés par le calme apparent et la clairvoyance politique qu'ils affichaient : "C'est simple, m'expliquait l'un d'eux, je suis à présent délégué régional du PS, et dans deux ans je peux postuler à un siège de député". Il n'avait pas menti : le programme s'est, pour ce qui le concerne, accompli comme il l'avait dessiné.
Il se créait progressivement un effet d'amplification, du fait de l'absence d'interlocuteurs autres que des CRS ou des voltigeurs. La fac nous appartenait. Nous y dormions la nuit avec nos battes de base-ball, attendant l'irruption des étudiants du GUD venus casser du gaucho. Les Assemblées Générales se faisaient houleuses : à l'une d'entre elle, quelqu'un balança du gaz lacrymogène. Nous finîmes par garder les entrées. A vingt ou trente, nous bloquions les issues, exigeant de fouiller tous les sacs. Certains enseignants s'y prêtaient avec plaisir. Ceux qui protestaient, nous ne les laissions pas entrer.
Bientôt vint la période des concerts organisés dans les amphis, le soir. Je me rappelle particulièrement celui de Bérurier noir. Sur l'estrade trônaient des colonnes d'amplificateurs, nous étions tous assis ou allongés sur les tables, moi, consciencieux, veillant à apaiser les ivrognes que nous avions invité. J'avais tout juste dix-huit ans, et voilà que je couvais tous ces étudiants du regard ; par je ne sais quel sentiment de plénitude je les sentais à notre main, nous les membres du service d'ordre qui pouvions à tout instant leur imposer nos décisions, sous des prétextes fallacieux ("le GUD a annoncé qu'il débarquerait, il faut bloquer l'entrée C! On se magne, on dégage, on dégage").
Je ne me rappelle pas qu'il y ait eu à l'époque des non-grévistes. Nous avions très tôt organisé des débrayages si musclés que personne ne se serait risqué à nous affronter de nouveau. Les enseignants qui protestaient, nous les regardions avec commisération (j'ai retrouvé ce regard chez l'étudiant qui figure en photo, adossé à un mur, dans la note précédente). Toute la presse était avec nous. Le seul bémol fut émis par un éditorialiste du Figaro, Louis Pauwells, qui nous avait traités de "zombis". Vers la même époque, ou un peu après, Finkielkraut avait publié son pamphlet "La défaite de la pensée", à quoi Harlem Désir avait répondu que Finkielkraut ne connaissait rien à la jeunesse d'aujourd'hui: "Jamais, écrivait-il, les jeunes Français n'ont autant lu qu'aujourd'hui. Et si l'on regardait sur leurs tables de chevets, on y verrait trôner des romans de Zola, de Balzac et des poèmes de Victor Hugo".
Aucun argument contraire ne pouvait parvenir jusqu'à nous. Si l'on nous traitait de zombis, nous tournions nos regards larmoyants vers nos leaders qui nous rassuraient : "Non, vous n'êtes pas des zombis". Ainsi s'était créée une échelle de domination bien étrange : nous étions, membres du service d'ordre, de toutes les actions coup de poing et de toutes les réunions, et ce faisant nous obéissions à des ordres. Mais en-dessous de nous, se tenait la masse des étudiants mobilisés, qui obéissaient à nos injonctions. Chacun avait donc sa part de puissance, et nous étions grisés car le gouvernement pliait, le peuple nous appuyait, et les violences, grenades à tir tendu, puis meurtre commis par les voltigeurs, tout cela s'inscrivait pour nous dans une logique de confrontation et de lutte. A aucun moment nous ne nous sommes posé la question de savoir s'il valait la peine de perdre un oeil, ou une main, ou enfin la vie, pour une chose aussi futile qu'une sélection à l'Université qui, considérée avec quelque recul, s'imposait ; c'était le moment où les "80% d'une classe d'âge" commençaient effectivement à se masser à la porte de l'Université.
Le discours politique tenait peu de place dans nos vies, à nous qui étions en fin de compte des hommes de main. Nous allions passer la nuit chez les uns, chez les autres, fumant, buvant, nous pelotonnant sur des coussins ou des tapis, enlaçant nos conquêtes du jour qui sentaient le tabac et l'alcool tout comme nous. Camembert, charcuterie, spaghettis bolognaises. Quatre heures, cinq heures du matin, par petits groupes, à chuchoter. Puis nous envahissions les cafés du coin quand ils avaient ouvert, mangions nos tartines beurrées, et reprenions le chemin de l'université, crasseux, poisseux, les yeux injectés de sang, pour bloquer les entrées, commémorer la victoire qui s'annonçait, etc.
On sait que le projet fut retiré à la suite de la mort de ce jeune homme qui s'appelait Malik Oussekine et qui n'avait eu que le tort de se trouver là, un soir, en fin de manifestation. On sait qu'Alain Devaquet, professeur de médecine à Paris VI, démissionna aussitôt de ses fonctions ministérielles et je crois que cette affaire fut une épreuve effroyable pour lui. Aujourd'hui je me rends compte que son projet était clairvoyant et opportun. Il n'a pas eu la chance de trouver des confrères à sa hauteur pour le défendre autrement qu'en se raidissant dans leurs certitudes de notables et en faisant donner la troupe.
Mais il est temps de conclure.
Après le retrait du projet, nous nous trouvions dans cette situation étrange de vouloir à tout prix prolonger, prolonger cette parenthèse de vie commune, de fusion dans un groupe qui occupait notre esprit. Nous ne pensions qu'en fonction de ce que pensaient les autres - les autres, c'est-à-dire les 20 ou trente étudiants de Paris III avec qui nous avions partagé des moments d'ivresse, d'euphorie.
Arriva le mois de janvier et le moment de reprendre les cours. Un professeur mal luné avait décrété que son partiel aurait lieu à la date initialement prévue. Assis face à ma copie, sujet entre les mains, et bien qu'il y ait eu entretemps les vacances de Noël, je me suis rendu compte que j'étais encore ivre, que les lignes s'entremêlaient sous mes yeux et que je ne comprenais rien. Je me suis donc levé et suis parti, abandonnant l'Université. Je n'y ai pas remis les pieds durant six mois, moment où je me suis réinscrit pour entreprendre d'autres études.
Avec le temps, et comme je me rendais compte que la mobilisation permanente finissait par me peser - je recevais de temps en temps des coups de fil de la coordination étudiante qui organisait régulièrement des "coups médiatiques", par exemple pour dénoncer la privatisation des chaînes de télévision qui ne nous concernait en rien - j'ai fini par éprouver une sorte de nausée inexplicable. Quand les membres de la coordination m'appelaient, j'éprouvais un haut-le-coeur, une envie de vomir. Je me suis interrogé sur ce que nous avions effectivement vécu et accompli. Ce que nous avions vécu : soirées folles, exubérance, joie, ivresse du pouvoir. Ce que nous avions accompli : qui saurait le dire exactement ?
Et je me suis sérieusement posé la question de savoir si, dans un autre contexte, je serais entré dans les jeunesses hitlériennes, entouré de chefs charismatiques, porté par un élan d'ampleur nationale, avec le soutien de la population, atmosphère telle que l'on peut se dispenser de s'interroger sur la valeur, la justesse, la droiture de nos actes. Je me suis interrogé sur ce qu'implique l'abandon ou le sacrifice d'une éthique personnelle, forgée par l'éducation de nos parents, à des mouvements de foule où l'action individuelle est sans conséquences car non soumise à jugement. Interrogé sur la facilité avec laquelle on peut se dédouaner d'avoir agi sans réflexion personnelle, sur ordre, de n'avoir été qu'un exécutant comme s'il était possible, dans la vie, de se proclamer d'office irresponsable, irréfléchi, et surtout d'en tirer gloire.
J'ai fait part de mes doutes, quelques mois plus tard, aux anciens compagnons qu'il m'arrivait de recroiser : ils ont cessé de m'adresser la parole.
Voilà pourquoi je comprends parfaitement l'attitude de ces jeunes gens qui hier bloquaient ma salle de cours, me qualifiaient de "mec qui ne veut pas sortir", respirant la fierté de n'être rien au sein d'une masse, d'être irresponsable, de vivre dans l'impunité, et voilà pourquoi ces situations me font remonter cette vieille nausée que j'ai éprouvée à l'égard de ma propre attitude, en 1986.
Depuis un peu plus d'un mois déjà je m'efforce d'assurer mes cours en fac de lettres, bloquée depuis 10 semaines, car j'ai la flemme de me rendre en fac de sciences, à l'autre bout de la ville. A part un léger épisode de violence au début, tout allait bien.
Mais les étudiants bloqueurs, voyant la fin du semestre approcher, commencent à se poser des questions : "Bin zut, alors nous on se sacrifie et nos camarades suivent des cours en dépit du blocage? Si cela continue, l'année risque d'être validée :(..."
Donc on observe une recrudescence d'opérations coup de poing. Les bloqueurs sont informés, par ceux de nos étudiants qui sont grévistes, des lieux où se dérouleront les cours prévus.
Ainsi, ce matin, ils étaient cinq à m'attendre, dissimulés parmi mes trente étudiants. Ils me bloquent l'accès à une première salle. Je les prends en photo. "C'est pourquoi ces photos?" "Pour la commission de discipline", leur dis-je. Ils font obstacle avec leur corps en disant "Il faut pas s'énerver, pourquoi vous vous énerver, hein?" Je leur ai fait observer que j'étais on ne peut plus calme. Deux collègues grévistes me tombent dessus, rameutés par les bloqueurs : "C'est quoi ça, qui êtes vous d'abord, il est interdit de faire cours aux Tanneurs!! Il paraît que vous prenez les étudiants en photos, à quel titre?" Et l'un, excité, disant appartenir à la fac de Droit (dont ce ne sont pas les locaux): ""S'il arrive un accident c'est vous qui serez responsable! La sécurité n'est pas assurée en Lettres!" - alors que les cours de concours se déroulent normalement un peu partout dans le même bâtiment...
Bien. Allers-retours au secrétariat, et je décide de donner cours dans la salle des enseignants, où se trouvent nos casiers, et qui se ferme au digicode. J'explique aux bloqueurs que cette salle ne leur est pas ouverte, et demande à mes étudiants d'entrer. Seules DEUX étudiantes entrent décidément dans la salle. Les 28 autres reculent, reculent. Je referme la salle et vais les chercher: "Ecoutez, ils sont cinq, vous êtes trente, de quoi avez-vous peur? Personne n'a de batte de base-ball ici" "Ben si c'est interdit de faire cours..."
"Interdit de faire cours": superbe résultat obtenu par les bloqueurs. Je leur annonce donc que je donnerai cours aux deux personnes présentes dans la salle, et j'y retourne. Une fois enfermé à l'intérieur, les bloqueurs tambourinent, battent la porte etc... jusqu'au moment où l'une d'entre eux, radieuse, ouvre la porte grâce au digicode... Je remercie le collègue qui le leur a donné - et je vois peu ou prou qui c'est.
Scène deux: trois étudiants bloqueurs s'installent dans la salle, je leur propose d'assister au cours "Certainement pas! Moi je suis solidaire de mes camarades!" J'apprends que cette étudiante est en psycho, et je lui demande en quoi elle est concernée par la mastérisation des concours? "Je suis solidaire!"
Je salue son courage. "Bravo lui dis-je, vous faites preuve de courage et de fermeté. Et il en faut pour annuler un semestre universitaire ! Votre courage ne consiste pas uniquement à renoncer à votre diplôme, mais aussi à faire en sorte que tous vos collègues y renoncent en même temps. Je m'incline."
Ils chantent Edith Piaf, font jouer leur téléphone, tandis que je donne tranquillement cours, en demandant à mes étudiantes de lire et parler normalement, sans élever la voix. J'entends des bloqueurs dehors - la porte est ouverte depuis 20 minutes- , venus en force, parlant de moi : "Le mec à l'intérieur veut pas arrêter son cours".
Un étudiant barbu m'interrompt quand je parle à mes étudiants, fait des jeux de mots sur mon nom - je le lui ai donné mais il n'a pas voulu me donner le sien - je lui demande à quel moment je lui ai adressé la parole? Il ne répond rien.
Une autre - celle de psycho - m'entame son refrain en langue de bois "Mais vous ne comprenez pas qu'il faut être tous unis face à la situation !" J'observe que je n'empêche personne de faire grève, et que j'apprécierais que l'on me laisse, en retour, ne pas faire grève. "Vos étudiants ont jugé votre attitude infantile, oui monsieur, infantile!" "Mmmmh, lui dis-je, il me semble qu'ils ont plutôt jugé votre attitude à vous terrorisante."
Une autre bloqueuse, à peine sevrée, s'installe dans la chaise à côté de moi, et d'un air de défi pose son café sur la table, comme si la situation devait durer, qu'elle prenait donc ses aises. A la voir si jeune et si menue je ne puis m'empêcher d'être attendri. Je lui demande si elle aurait l'amabilité de m'en apporter un également. Stupéfaite, elle se récrie : "Ah ça! Ben non ! Certainement pas!"
Bref, cela dure une demie-heure, après ils se fatiguent de crier, chanter, se relayer (ils sont désormais une vingtaine à la porte mais bizarrement n'osent pas entrer à plus de deux ou trois), ils finissent par s'en aller et finalement je donne les deux dernière heures de cours tout à fait normalement.
Je reviens de Neverland épuisé. J'ai donné tous mes cours aujourd'hui avec la gueule de bois. La fac demeure "bloquée" - mais les bloqueurs ne se donnent plus la peine de se déplacer. Je suis le seul du département à avoir imposé que mes cours se déroulent dans la fac de Lettres et Sciences Humaines, et pas à Perpète les Oies. Les étudiants de L1 et L3 étaient tous là aujourd'hui, ceux de L2 n'étaient présents qu'au tiers. Mon coeur se fendait à écouter leurs angoisses. J'apprends que je suis le seul à avoir donné cours et à leur envoyer régulièrement des documents. Je suis tombé des nues.
Ma gueule de bois venait de mon dîner de lundi soir chez une collègue. Réception somptueuse avec mon pire ami et son épouse (une sainte !). Nous parlions de choses et d'autres mais vers la fin du repas, l'alcool aidant, mon sang s'est mis à bouillir. Nous avons évoqué quelques vieux épisodes dans la vie de notre département, et en particulier ce moment de tension lorsque j'avais aidé une de mes étudiantes à partir étudier un semestre au Brésil. Elle avait obtenu une bourse sur la foi d'un programme de recherche que nous avions concocté ensemble (les conversions des Indiens Pataxo au protestantisme). C'était une étudiante brillante, faite pour l'aventure et les voyages. Or mes collègues voulaient à tout prix qu'au Brésil, elle étudie la version classique espagnole, la littérature espagnole, etc. Je leur disais : "Quel intérêt d'aller au Brésil pour s'initier à l'anthropologie si vous lui collez toutes les matières au programme? Ne peut-on pas simplement lui faire confiance et respecter ses aspirations?" Et on me répondait avec un soupir blasé que je ne comprenais rien à la rigueur académique.
Le professeur qui devait lui offrir sa tutelle lui demanda au dernier moment de changer de projet de recherche afin de s'intégrer mieux à la thématique de son séminaire (la musique latino-américaine). J'appelai ce collègue et lui dis qu'en ce cas l'étudiante devait renoncer à sa bourse et présenter un nouveau projet qu'il lui proposerait. Il battit en retraite. Mon pire ami fut le seul à me soutenir, mais durant ce dîner il m'expliqua que j'avais eu tort de m'énerver, que les collègues défendaient une position cohérente. Et notre hôtesse, qui dirige les masters, me dit "J'ai moi aussi freiné des quatre fers car je ne comprenais rien à ton projet la concernant" - or j'avais toujours cru qu'elle m'avait soutenu à l'époque. "Ce n'est qu'aujourd'hui, poursuivit-elle, que je comprends ta position".
Et là, mes nerfs ont lâché. "Voilà douze ans que je défends certaines positions. Pendant douze ans, presque tous au sein du département se sont crus autorisés à me donner des leçons, au nom du "bien des étudiants", comme si moi, je leur voulais du mal. Tout engoncé dans leurs certitudes ils ont accueilli mes arguments avec des petits sourires méprisants. Et ce sont les mêmes qui aujourd'hui font des sit-in, découpent des petits cercueils dans du carton et vont enterrer je ne sais quoi de symbolique devant la mairie ou le rectorat, en sacrifiant allègrement leurs étudiants."
A mesure que je parlais la fureur montait, à évoquer la tranquille évidence avec laquelle ils affirmaient que j'avais tort, en toute circonstance. Je me suis rappelé mon père, universitaire brillant ayant loupé sa carrière, qui fréquentait d'autres universitaires brillants, et les dîners à la maison d'hommes d'esprit affichant à la fois leur envergure intellectuelle et leurs mesquineries. Et je me suis vu moi, qui avais toujours pensé que la mesquinerie était compensée par la profondeur de pensée, découvrant l'université sous l'angle d'une mesquinerie sans envergure. Quelle indulgence peut-on avoir ? Quelles qualités peut-on soi-même afficher ?
Bref, j'avais un coup dans le nez - influencé sans doute par les troublantes confessions de Narayan - et il fallut qu'on me prenne par le col, qu'on m'enfourne dans un 4x4 pour me jeter à minuit à la porte de mon hôtel...
J'ai fait un drôle de rêve cette nuit.
J'étais dans un village Palikur situé en montagne. J'avais une balle dans l'abdomen, j'ignorais si j'allais en mourir ou non, mais cela semblait bien parti. Je devais demeurer immobile mais, étant seul, il me fallait sortir pour trouver de quoi manger. Dans une sorte de marché fermé je me faisais voler mes derniers centimes d'euros par une vendeuse de passage.
Rentré dans ma maisonnette, je voyais par la fenêtre la forêt qui commençait à brûler, à grandes volutes noires. Des hélicoptères passaient, et à mesure que le feu progressait, des animaux en contrebas fuyant dans tous les sens. Et je vis des paresseux géants frappés par la foudre, et des ânes marchant debout.
Enfin il fut procédé à l'évacuation du village. Il pleuvait de la suie et des cendres. On me mit dans une voiture, mais ou parce qu'elle était trop chargée, ou trop vieille, elle ne faisait que patiner, patiner, patiner.
Je me suis demandé par quels étranges chemins m'était venu ce drôle de rêve. En y réfléchissant, hélas, je me rends compte qu'il émane sans doute du dernier compte-rendu de réunion (celle d'hier, réunissant les facs de lettres et de droit) que j'ai reçu de Neverland, et dont je cite et commente ces quelques extraits :
M. W. (Histoire/Archéologie) insiste sur le fait que les enseignants ont lancé le 2 février une grève illimitée en sachant très bien ce qu’ils faisaient ; il ne faut pas cesser un mouvement parce qu’il y a une menace sur les diplômes ; soit on arrête tout tout de suite, soit on continue et on va jusqu’au bout. Si cela va jusqu’à l’annulation des diplômes pour le semestre, cela sera très difficile, mais la lutte contre la destruction de l’Université vaut bien cela.
Remarque habituelle : ce sera "très difficile" pour les étudiants, les salaires des enseignants continuant à être versés. La "lutte contre la destruction de l'Université" me paraît merveilleusement ironique, au vu de l'état des locaux et de l'abandon des étudiants. Qu'à cela ne tienne, citons Clausewitz :
M. X. précise que ce sont surtout les L1 qui ont disparu. « La force d’une armée, c’est le soutien populaire » (Clausewitz)
On ignore ce que veut dire M. X., ce stratège. Sans doute pense-t-il aux première année comme un bataillon de fantassins russes, armés de faux et de bâtons, pour essuyer les premiers feux de la blitzkrieg ?
M. W. en revient aux démissions et dit que la politique de la chaise vide est inefficace. La question des L1 est dramatique, mais, d’un certain point de vue, c’est trop tard – les dés sont jetés. Ceux qui ont lâché prise ne reviendront pas, donc pourquoi arrêter le mouvement pour eux ? Les L3 d’histoire sont très présents, et les L2 aussi.
Après Clausewitz, César. A moins que ce ne soit là le courage d'Agamemnon, prêt à sacrifier sa fille afin de s'embarquer dans une guerre de dix ans ?
Selon M. Y. (Droit, LEA), la situation est différente de 2003 : en 2003, on se battait pour nous (retraites), alors que, cette année, le mouvement vise à préserver le service d’enseignement public pour les générations futures. Si on laisse faire la thatchérisation de la France, elle se fera. S’il y a des dégâts à court terme (diplômes 2008-2009), c’est pour défendre les élèves et les parents d’élèves, la société dans son ensemble.
Of course. Et la mussolinisation de la France est un risque, aussi. La société dans son ensemble est affectée par le statut des enseignants chercheurs et leur évaluation. Cela vaut bien de faillir une fois à notre mission de service public, justement afin de préserver le service public. Le message est fort : "OK, toutes les autres fois on se battait juste pour nos intérêts, mais là c'est différent." Les "générations futures", ayant renoncé à affronter une université bordélique, remercieront les collègues de leur avoir donné le courage de passer les concours d'entrée aux grandes écoles, ces "générations futures" ayant elles aussi souci de leur avenir.
Mme X. (Lettres) trouve regrettable que l’on ne fasse que la grève des enseignements. Continuer à faire des colloques, et même à écrire des articles, est de plus en plus problématique.
Il est clair que le refus, par Mme X., de publier un article, équivaudrait à l'acte d'un Proust suspendant sa plume après avoir écrit "Combray, à dix lieues à la ronde..."
M. Z. (qui appartient à mon département) aimerait rappeler qu’il y a aussi une responsabilité des non-grévistes dans le durcissement du mouvement, et donc dans les menaces sur les diplômes.
M. W. insiste sur l’importance de ne pas envoyer de signal de déblocage via la Présidence; en cas de nouveau déblocage, il y aurait un risque de violence et d’escalade, dont les enseignants seraient partiellement responsables.
Le commentaire de M. Z. est savoureux, puisqu'il fait, je pense, référence à votre serviteur. Si les grévistes durcissent le mouvement, c'est à cause des non-grévistes, qui sont en fait les vrais responsables de la poursuite de la grève. M. W. embraye et nous entrons dans une logique singulièrement tortueuse : si le mouvement se radicalise et si violence il y a, ce sera de la faute de ceux qui veulent éviter la radicalisation et la violence. Message : si les cours reprennent, cela va mal tourner.
Conclusions : Pour lutter contre la destruction de l'Université, il faut la détruire. Pour assurer notre mission de service public, il ne faut pas l'assurer. Pour sauver les étudiants, il faut les sacrifier. Pour mettre un terme à cette grève, il faudrait que les non-grévistes cessent de ne pas faire grève.
A ce sujet, voilà plusieurs fois que je reçois des messages, amicaux et inamicaux, me prévenant que cela pourrait devenir "dangereux" pour moi à Neverland. Je me demande ce que signifie le terme "dangereux" en contexte universitaire, mais lundi j'emporterai mon magnétophone et mon appareil photo. Si Neverland se situait en Amazonie, j'emporterais également ma machette.
Rassure-toi, lecteur, ma prochaine note portera sur l'Amazonie. Tu peux, pour te faire une idée de son contenu, te reporter à cette note de Bergère, et à la chanson de Mickey 3D qu'elle transcrit.
J'ai bien fait de ne pas aller à la réunion à Neverland, ce matin. Cela m'a évité de me faire lyncher, et de plus je trouve beaucoup plus amusant de rester chez moi et d'ouvrir au fur et à mesure les mails d'insultes. J'apprends ainsi que je ne suis pas "le roi de la recherche", mais un "homme normal" qui devrait "revenir sur terre". J'y réponds selon l'inspiration du moment, par une pirouette inspirée tantôt du mime Marceau, tantôt d'Hercule Poirot.
La grande affaire, qui fait hurler les collègues, est que "quelqu'un" m'a informé de ce qui s'était dit dans une réunion du département auquel j'appartiens. Comme si, n'ayant pas été présent, j'avais perdu tout droit à quelque information que ce soit.
Par ailleurs, j'ai annoncé à mes étudiants que j'assurerai tous mes cours la semaine prochaine, quelle que soit la situation. Aussitôt une étudiante m'écrit:
Monsieur Anthropopotame, bonjour.
Je me permets de vous écrire ce mail aprés avoir lu vos courriers transmits par le secrétariat.
Je suis moi-même POUR la reprise des cours, je ne vous cache pas mon inquiétude face à l'année qui se termine prochainement, aux partiels qui arrivent... Ceci étant, je suis entièrement d'accord avec les revendications des étudiants et enseignants, et soutient la grève à 100%. Mais il est vrai que je ne cautionne pas certains modes d'actions, comme le blocage. Je pense qu'il est grand tant de reprendre les cours, tout en continuant bien sur à manifester ou à montrer notre mecontentement par d'autres moyens. Ceci étant, je ne me vois en aucun cas , tout comme d'autres, faire un cours malgrés que la fac soit "bloquée", je ne pense pas que ce soit un contexte sain pour étudier. Faire cours sans être à l'aise, avec la "crainte" d'être "delogé" a tout moment par les pro-bloqueurs? Ceci est-il normal ?
Je ne pense pas que faire cours de force soit vraiment bénéfique.. Je ne sais donc pas encore si je viendrais en cours de portugais la semaine prochaine, car comme vous l'avez compris, je ne pense pas que ce soit la meilleure façon d'étudier... Nous nous rendons aux AG pour voter contre ce blocage, les anti-bloqueurs sont de plus en plus nombreux, et nous esperons pouvoir assister de nouveau à nos cours, NORMALEMENT.
Cordialement,
Julie.
J'ai répondu à cette étudiante qu'au pire elle risquait de voir son cahier précipité au sol par un bloqueur, mais que je ne pensais pas que quelqu'un viendrait avec un couteau de cuisine. En fait je suis curieux de voir comment ce blocage continuera d'être justifié s'il aboutit, comme c'est déjà le cas, à exercer des violences, réelles ou psychologiques, sur ceux qui ne l'approuvent pas.
Ma proposition n'aura de sens que si la majorité de mes étudiants se présentent, de même que quelques collègues.
Mon opération "recentrement" a en tous cas parfaitement réussi. J'ai repris le contrôle de la situation en cessant de m'exciter à tout bout de champ sur des choses qui n'en valent pas la peine.
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