Mes chers collègues,
J’apprends qu’à la réunion d’aujourd’hui nous ne sommes pas allés au fond des choses, et que la position exprimée par B., par exemple, n’a pas été évoquée.
Staline reprochait à Churchill d’être prêt à lutter contre Hitler jusqu’à la dernière goutte de sang russe.
Or certains collègues semblent prêts à lutter jusqu’à sacrifier l’intérêt de leurs étudiants, qui est de valider leur année. La contrepartie payée par ce jusqu’auboutisme ne semble pas aller jusqu’à se déclarer gréviste et à perdre en conséquence autant de jours de salaires qu’il y a eu de mobilisation, d’agitation, etc.
Je vous informe que j’envoie ce jour une lettre au secrétaire général de l’Université lui déclarant l’intégralité des jours de grève que j’ai accomplis, en lui demandant de veiller à ce que ces journées soient retenues sur mon salaire, conformément à la réglementation.
Cordialement
Anthropopotame
Réponse du directeur du département:
Chers tous.
Un de nos collègues qui s'est fait porter pâle hier afin de ne pas assister à la réunion de département, mieux informé toutefois que s'il y avait été présent, m'a fait remarquer que dans le feu du débat, j'ai omis d'évoquer les remarques et suggestions que certains de nos collègues absents (B., A.,...) m'avaient demandé de lire. Mea culpa. Je rectifie et vous les transmets à la fin de ce message.
Je déduis des informations de ce collègue absent qu'un compte rendu de la réunion a déjà été fait. Je pense que dans ces conditions il n'est pas nécessaire que je vous envoie celui que j'avais prévu de rédiger et d'envoyer officiellement à tous les collègues du département comme je le fais après chaque réunion. Je vais donc vous soulager de cette lecture !
Voici mon mea culpa : les messages que j'ai omis de lire hier. Veuillent les intéressées m'en excuser . Je suis d'autant plus marri de cet oubli que ces deux messages me semblent contenir des sujets de réflexions intéressants et des propositions concrètes. Cet oubli est maintenant réparé.
Evidemment, ces dernières suggestions auraient pu être utiles si nous avions pris hier des décisions pratiques pour la fin du semestre. Cela n'a pas été le cas. Nous n'avons discuté que sur le" fond des choses", sur les questions essentielles. J'en suis désolé.
C.
Réponse d'Anthropopotame :
Je vois que le ton monte et vire au persifflage.
Il est sans doute difficile de croire que certains collègues aient des obligations de service liés à la recherche, comme par exemple d’animer des séminaires prévus de longue date, et n’aient pas la souplesse et la disponibilité nécessaire à courir d’AG en AG et à proposer des spectacles de rue.
Malheureusement, cette dure réalité existe. Elle fait partie du quotidien des enseignants dits chercheurs.
Ceux qui ne considèrent pas que la recherche serait « noble » mais qu’elle fait partie de notre mission (comme l’indique l'intitulé de notre fonction).
Ceux qui ne font pas de recherche « tranquillement, dans leur coin, sans embêter personne », mais sont insérés dans des réseaux d’information et de circulation des données et résultats.
Ceux qui ne confondent pas un doctorat avec un prix Goncourt, et évitent d’invoquer la « beauté et la gratuité » quand il s’agit de transmettre des compétences.
Ceux qui ne parlent pas du « bien des étudiants » à tout bout de champ, ce bien se confondant étrangement avec leur horizon intellectuel.
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