ANTHROPOPOTAME

Union des Nullités Objectives

Par temps de crise, nombreux sont nos compatriotes qui remettent en question les principaux aspects de leur personnalité. Confrontés au chômage, à la perte de leur domicile, ils ont choisi, plutôt que d'invoquer l'hypothétique injustice du "Système", de s'en prendre à eux-mêmes. C'est pour ceux-là qu'a été créée l'Union des Nullités Objectives, une association aux critères rigoureux, qui permet à tous ceux qui se considèrent comme objectivement nuls de se retrouver entre pairs.

Mais attention, le dialogue qui suit montre bien comment nombre de candidats, persuadés d'être objectivement nuls, ne sont en réalité nullement objectifs. Il suffit de se rendre sur la page FAQ du site de l'association:

Q: J'aime bien le sigle de l'association UNO, mais je réfléchis avant d'adhérer et d'ajouter ça à mon CV - car je suis à la recherche d'un emploi. En même temps, ça peut aussi interpeller.

R: Ce sera un + pour votre CV.

Q: Ok, je tente ma chance. Mais quelles sont les conditions pour pouvoir adhérer ?

R: Eh bien il faut que la nullité de l'impétrant soit attestée par plusieurs témoins de bonne foi, ou mieux encore, contestée par des gens franchement nuls.

Q: C'est bon, je pense avoir assez de témoins.

R: Attention les nullités subjectives sont blackboulées, ce qui est toujours humiliant - vu le cérémonial.

Q: Ah, vous faites bien de me le préciser.

R: Mais les dix premiers adhérents bénéficient de conditions particulières, et vous pouvez parrainer un nullos.

Q: Cette idée commence sérieusement à me plaire, je suis franchement enthousiaste car je sens que c'est par ce biais-là que je vais peut-être enfin pouvoir trouver un sens à ma vie.

R: Hum hum attention également à ne pas afficher des qualités de clairvoyance et de lucidité qui vous discréditeraient au sein de l'association, en montrant que vous n'êtes pas objectivement et parfaitement nulle.

Q:Vous avez raison, je serai discrète, enfin, je veux dire , je serai moi-même et ça ira.

NDLR: Cette candidate a vu son adhésion refusée par l'AG de l'UNO.

Une bonne journée

Une fois n'est pas coutume, je dois dire que j'ai passé une bonne journée!

Si vous connaissez la série 30 Rock, vous devez savoir le sens de l'expression "Reaganing" - réussir tout ce que l'on entreprend.

Ce que j'ai réussi, aujourd'hui et pour la première fois depuis longtemps, c'est faire un bon cours. je l'ai même fait deux fois (deux groupes de TD) mais le premier n'était pas aussi bien, ni aussi clair, que le second, où j'étais échauffé.

Et ce n'était pas gagné d'avance, puisqu'il s'agissait d'un poème particulièrement hermétique de Henri Michaux - éloigné de mes préoccupations amazoniennes, sauf si l'on considère qu'il a écrit Ecuador...

Je ne savais pas trop comment aborder les choses, sachant qu'il s'agissait d'un cours de méthodo, et que je devais en une heure trente non seulement aider les étudiants à analyser le poème, mais me livrer moi-même à cette analyse, que j'improvisais partiellement.

Il y a dix ans, en effet, j'ai donné ce même cours et ce même texte. Je m'inspirais (comme aujourd'hui) de l'analyse qu'en avait fait un très bon ami, E.R.. A l'époque, je n'arrivais pas à susciter l'adhésion des étudiants à la démarche réflexive, alors qu'aujourd'hui il y a une participation qui va parfois jusqu'à m'émouvoir.

Je pense qu'à l'époque j'étais travaillé par l'idée de montrer aux étudiants que j'étais plus intelligent qu'eux, et qu'aujourd'hui cela est hors sujet. Je prenais alors des raccourcis et les prenais à témoin que je devais avoir raison. Je cherche maintenant à les faire buter sur les difficultés et à leur donner les moyens de les résoudre, sans impatience, en leur proposant, s'ils ne trouvent pas de chemin d'accès, de compter tout simplement les consonnes et les voyelles et de voir ce qui en ressort.

Ce qu'ils firent. Et le résultat finit par apparaître sous nos yeux, étape par étape: nous avions ensemble analysé le poème.

C'était un cours de première année et j'y ai pris un immense plaisir.

Voici le texte et l'analyse telle que je me la suis rappelée après coup:

Le loup émissaire

Imaginons un Musée, dédié à la conservation des oeuvres d'arts, dont les curateurs seraient, de formation, animateurs de clubs de vacances.

Tendant l'oreille aux revendications d'une partie du public, soigneusement sélectionnée, ils décrèteraient que la trop grande place accordée aux oeuvres entrave la pratique d'activités sportives et de détente dans les salles d'exposition, et nuit au chiffre d'affaire des vendeurs d'andouillettes et de chewing-gum autorisés à occuper l'espace du Musée.

Voilà exactement la situation dans laquelle la nouvelle loi, relative à la gestion des Parcs Nationaux par des représentants locaux, nous a placés.

J'avais déjà été choqué d'entendre les représentants du Parc de La Vanoise pointer la responsabilité des marmotes, et non des adeptes du ski hors piste, dans la survenue d'éventuels accidents.

A présent ce sont les loups qui, dans les Cévennes, s'apprêtent à payer le mépris absolu dont les autorités font preuve à l'égard des engagements internationaux de la France. Des éleveurs de moutons, à la tête de troupeau comptant des milliers d'ovins, sont installés en coeur de parc - seul endroit normalement affecté exclusivement à la vie sauvage.

Tandis que le pastoralisme traditionnel portait sur quelques centaines de têtes, affectées à la production de laitages, nous voici face à un élevage destiné à la viande, subventionné, et l'on vient invoquer la raison majeure de l'entretien des pâtures! Où sont donc passés les herbivores sauvages? Qu'en a-t-on fait? Devra-t-on lâcher, en guise de biodiversité sauvage, des chats, des chiens, des porcs, des chèvres et des lapins, et leur laisser le soin de reconstituer une chaîne trophique?

L'idée sous-jacente à la politique de protection de la nature est que sociétés humaines et animales peuvent coexister. Mais la politique que nous pratiquons s'apparente à celle que mène Israël: maintenir la pression de la colonisation, couper l'accès à l'eau, et s'étonner que les populations ainsi comprimées ne se tiennent pas tranquille.

0.5% du territoire métropolitain est classée en "coeur de parc". Mais dans certains cas, ce coeur de parc est habité. La politique environnementale de la France est-elle une fiction? Les loups se sont installés précisément là où ils en avaient le droit, au coeur d'une zone protégée. Ils ne sont pas allés sur l'Ile d'Yeu ou à Noirmoutier, entre deux campings, ni en plein centre de la place des Vosges, non, ils ont choisi, très intelligemment, l'endroit qui selon la loi était destiné à la vie sauvage.

A présent, ce ne sont que palinodies et propos casuistiques sur le thème de "l'éleveur de mouton, espèce menacée" ou "le mouton, gardien du paysage et de la biodiversité". Quelle plaisanterie.

Un rapport

70 pages en quatre jours: j'ai l'impression que mon cerveau va exploser. Tellement plongé dans ce rapport que j'en remémore quasiment chaque phrase. Je le vois se déployer sur mon écran, et tous les propos, toutes les anecdotes du terrain me reviennent. Les idées appellent les idées, de nouvelles parties viennent s'ajouter à ce qui était prévu, et je me rends compte qu'il faudra bien que je m'arrête, que personne ne le lira.

Je crains aussi d'y consacrer tant de temps, tant d'énergie - car après la rédaction viendra la mise en forme, les photos, les graphiques, les annexes, il faudra le rendre joli - que je n'aurai plus la force de remplir mes autres obligations, comptes-rendus de lecture, programme animal, dossier du Cahier des Amériques Latines sur la participation.

Je profite de mon exaltation pour prendre des notes en vue de mes prochains travaux, le plan de mon introduction au dossier, les diapos à présenter pour le programme animal, mais je sais que le soufflé retombera et que dans une semaine, repris par les cours et par les réunions, je ne comprendrai plus ce que j'ai voulu dire. Depuis plusieurs années déjà, mes tâches se sont multipliées. Deux journées de cours me laisseraient trois jours seulement pour mener à bien ce qui m'incombe en tant que chercheur. Aussi ai-je depuis longtemps sacrifié les samedis et les dimanches, comme, je le suppose, la plupart d'entre nous. Combien de temps sommes-nous censés tenir?

Et je songe, tandis que j'évolue nonchalamment, en poutoufs, du bureau à la cuisine - où un ordinateur est aussi branché - que je ressemble davantage à Achille Talon qu'à Indiana Jones, malgré que j'en aie.

Après dix jours de solitude...

... je me suis habitué à parler à voix basse, échangeant toujours quelques idées avec Sarah.

Comme il a plu hier et aujourd'hui, je me suis consacré au rapport pour le ministère de l'écologie. J'en suis à cinquante pages, dont 20 sont des copier-coller, le reste étant le fruit de mon inspiration du moment. Un extrait? Voici le plus lyrique:

"La Puisaye présente une image inversée de ce qu’est, par exemple, le paysage vendéen entourant la Genétouze, plus proche de la Forterre – openfields, quelques bosquets, clochers visibles dans le lointain. Les bois et les cours d’eau s’étendant à l’ouest du village de Saints, les paysages bocagers conservant des haies majestueuses – nommées localement les « bouchures » - donnent une idée de ce que fut la nature en France avant le remembrement, et même plus avant, du temps des Renart, des Ysengrin. Plans d’eau regorgeant de brochets, de brêmes, d’anguilles ; forêts offrant toute l’année des fruits, des baies, du bois de chauffe et de construction, et jonchées à l’automne de champignons, de glands et de châtaignes, donnant aux hommes comme aux bêtes une nourriture abondante pour l’hiver ; des chevreuils, des sangliers peu farouches, passant d’un massif forestier à un autre, visibles chaque matin dans les champs et les clairières… Pour les membres de l’équipe qui travaillent habituellement en Amazonie, cette région de Bourgogne est l'endroit de France qui s’en rapproche le plus. Les habitants actuels de la Puisaye valorisent cet héritage, et se plaisent à énumérer au visiteur les plantes sauvages comestibles et leur saison. Ils valorisent également cette autarcie alimentaire à laquelle ils pourraient, si nécessaire, se cantonner."

Comme je repars demain à Paris, je dois préparer la maison à mon absence. Croquettes empilées dans le garage, chauffage éteint, cheminée nettoyée. La tante de mon chat est allée se réfugier dans le grenier, et je suis incapable de l'en sortir. Elle se tient là, à miauler après son chaton resté dans le jardin, et se cache dès que j'arrive. Je suppose que je devrai la laisser mourir de faim, et ma tante retrouvera son cadavre desséché sur un lit ou un fauteuil. En attendant, elle fait craquer les planchers et les meubles et pousse des cris rauques difficiles à supporter. Je ne serais pas fâché, je l'avoue, si elle se momifiait, tant elle me tape sur les nerfs. On parle beaucoup des chats voleurs, beaucoup moins des chats assassins, mais je préfère ne pas m'étendre sur le sujet.

Mon petit chat, quant à lui, ressemble à une boule blanche, et cherche à m'impliquer dans toutes ses activités. J'aime le voir revenir en arrière, m'appeler, pour ensuite foncer comme un bolide - sphérique - à l'endroit où il présume que je devrais me trouver.

J'ai fait ce que je pouvais dans le jardin pour cette période de l'année. J'aurais pu tailler davantage, mais on se prend au jeu et on finit par massacrer les arbustes. Le temps est doux, clément, même, j'espère que Sarah ne mourra pas de froid dans le garage. Le voisin qui l'alimente s'inquiétait: "Qu'est-ce que je fais si elle franchit le pas?" Je lui ai suggéré de déposer son corps à l'entrée de la forêt, et que je m'en occuperais à mon retour. La plupart de nos chiens sont enterrés là, tantôt écrasés, tantôt empoisonnés, Sarah serait donc la seule à mourir de vieillesse.

 

Sarah

De jour en jour, Sarah se complaît davantage dans ce que j'appellerais "la chienchounou attitude", sans préciser plus avant ce que c'est.

Disons qu'en dépit de sa cacochymie, elle se tient toujours prête à se lever si j'ouvre une barre de chocolat ou si je fais mine de faire griller du pain. Par ailleurs elle a éventré le sac de croquettes pour chat, ce qui explique partiellement son embonpoint. Quand elle ne me suit pas d'un regard larmoyant, elle s'allonge sur le pas de la porte ou dans l'étroit passage qui sépare la cuisinière de l'évier.

Dans la journée, il lui arrive encore d'aboyer. J'ouvre la porte de devant pour lui montrer que je tiens compte de ses avertissements. Bien sûr il n'y a jamais rien ni personne, et si quelqu'un franchissait le portail, elle l'accueillerait avec gentillesse ou en se mordant la queue.

Régulièrement je lui fais de grosses caresses, et j'émaille mon langage chienchien de réflexions sur la politique américaine ou sur l'ouragan Sandy. Elle m'approuve généralement. Ces moments de caresse, même si son odeur de vieux chien pénètre mes vêtements, sont mon tribut à sa fidélité de vieille chienne, que tant de vagabonds ont évité.

Le soir son ronflement résonne dans la cuisine éclairée par les braises. "Bonne nuit ma Sarah" lui dis-je avant de monter me coucher.

Après quelques jours au grand air...

... je vais beaucoup mieux.

J'ai pu réfléchir au rapport que je dois rendre au Ministère de l'Ecologie - il serait mieux de commencer à le rédiger mais je procède par étapes. J'ai également travaillé à un article sur l'Amazonie d'une excellente doctorante, qui étudie les conflits fonciers mués en conflits ethniques. J'y ai pris un réel plaisir, tout espoir n'est donc pas perdu. Je lui avais demandé de se lâcher, et elle l'a fait, avec mesure. Je pourrais la rassurer en lui disant que notre liberté de ton à l'égard des politiques amazoniennes est d'autant plus grande que nous ne serons pas lus.

Enfin, j'ai profité des dernières heures de beau temps pour travailler au jardin. Au programme: tailler, émonder, et ramasser les chutes. Le plus difficile fut la glycine, enroulée dans les ferrailles des volets, à 6 mètres de hauteur. J'avais une grande échelle mais ne faisais pas le fier dans le vent.

Je crois que tout est prêt pour l'hiver. Pelouses tondues, herbe mise en tas, arbustes taillés, fruitiers passés à la bouillie bordelaise...

Hier, assis près de l'étang, regardant les dizaines de poissons rouges, j'ai vu un campagnol jouer dans le tas de bois. Les chats en font une hécatombe, j'espère qu'il en reste assez pour les hulottes qui poussent des cris plaintifs le soir tout près de la maison.

Le chat, le chien

Travaillé hier dans le jardin. Coupé les herbes hautes que j'avais laissées pour les papillons. La débroussailleuse peinait parmi les tiges empilées, déjà pourrissantes. Il faut avancer à petits pas de dix centimètres, verser sur le côté la partie coupée, ne pas faire de mouvements aléatoires sous peine de tuer une grenouille ou un orvet.

Après quatre heures de travail, je rentre, allume le feu. J'essaye de terminer un rapport mais j'ai mille choses en tête.  Ces choses se muent la nuit en rêves épuisants: tout ce que je dois rendre ou faire devient un Powerpoint projeté dans mon crâne. Je lis la vie d'Alexandre le Grand de Droysen pour m'endormir et le contraste est tout sauf vivifiant.

Le matin, réveillé par le chat qui miaule ou se gratte tout contre mon oreille, je descends, salue Sarah qui attend au bas des escaliers, et qui se relève, faisant osciller son corps en forme de barrique à babord, à tribord - ses jambes la portent à peine - jusqu'au seuil où elle se poste en remuant la queue.

Elle n'a pas tenu toute la nuit, il y avait dans la cuisine une grande flaque de pipi. Essuyer, aller chercher du petit bois et des bûches, donner à manger au chat, ouvrir les volets. C'est enfin l'heure de préparer mon café.

Une vie de minuscules devoirs. Si j'avais des poules, ou des lapins, si j'étais éleveur, le sentiment de mes responsabilités finirait par devenir écrasant.

Mais notre communauté tient bon. Une caresse au chat, une caresse au chien. Sarah veille à l'équité, je ne puis passer trop de temps avec le chat. Elle fait mine d'ignorer sa présence, grogne un peu quand il s'approche, se tourne vers moi chaque fois que le chat tourne trop de son assiette: "Tu vois, me dit-elle, je pourrais lui donner un coup de dent mais je ne le fais pas".

Le chat, quant à lui, est fasciné par la grosse Sarah, de plus en plus semblable à un ours à mesure qu'elle s'affaisse, devenant plantigrade.  Il l'observe avec passion, ne perd aucune occasion de s'approcher, la flairer, il lève la patte quand elle réagit, il l'accompagne à petits bonds, toujours à bonne distance. Il est plus curieux d'elle qu'elle de lui.

De la bêtise

Interview de Nicolas Anelka dans le Figaro. Il touche 230.000 euros par semaine. Voici ce qu'il en dit:

"Si tu ne comprends pas les salaires énormes des joueurs, c'est que tu n'as rien compris au business du foot (…) Chacun a ce qu'il mérite. Je transpire depuis très longtemps pour gagner cet argent."

Utiliser le verbe "transpirer" pour expliquer en quoi il mérite ce salaire tend à assimiler le foot à un travail manuel. Et de fait, n'importe quel maçon "transpire", de même que n'importe quel plombier, menuisier, charpentier, pour gagner son argent. Au sens figuré, ce sont les travailleurs non manuels qui transpirent pour gagner leur argent.

Et je suppose que n'importe quel trader, qui joue des sommes énormes qui ne sont pas les siennes, mais dont il devra rendre compte, "transpire" beaucoup lorsqu'il voit les cours s'effondrer.

Bref, tout le monde transpire, et si chacun a ce qu'il mérite, j'ai du mal à comprendre pourquoi Anelka ne ferme pas sa grande gueule, lui qui alterne "transpiration" sur le terrain et Game Boy dans sa chambre.

Anelka n'a rien compris à la vie en général, le sentiment de désespoir qui s'empare des gens normaux, quand l'horizon est bouché.

Décorner les boeufs

Samedi

Le vent souffle en tempête depuis ce matin. Chaque fois que je fais un tour de jardin je reviens frigorifié.

Les fenêtres sont toutes pleines de fentes et de fissures, les carreaux minces comme du papier à cigarette. Impossible de chauffer la maison.

Le chat reste devant le feu, le chien se planque dans le garage.

J'ai essayé d'identifier quelques champignons hier, avec le grand Larousse, mais il y en a tant que je n'ai pas pu en reconnaître un seul. De biens beaux nom cependant, la palme revenant au "Marasme des oréades".

Dimanche

Travaillé un peu dans le jardin. Ramassé des châtaignes, traité les nectariniers et pêchers à la bouillie bordelaise, homogénéisé le terreau.

Entre le chien et le chat ma vie se passe à ouvrir et fermer des portes, et servir à manger. Sarah boîte, mon chat Minuto passe son temps à miauler. Il ne supporte pas la même nourriture trois fois de suite; ce soir, insatisfait, il a attaqué Sarah, et je l'ai mis dehors.

Tandis que je ratissais les cosses de châtaignes, j'ai senti une fureur monter en moi. Je me suis vu, de tous côtés, dans des impasses. Il est dur d'être livré à soi-même et de n'avoir aucun moyen d'atteindre la paix. Ce qui m'irritait aujourd'hui, c'était d'abord l'impasse financière dans laquelle je me trouve (mon salaire me permet tout juste de payer mon ravalement et mes impôts) qui m'oblige à dire adieu à mes projets de maison à la campagne.

Et puis j'ai été saisi d'un doute horrible concernant une usurpation d'identité. J'ai laissé libre accès à ma signature électronique et j'ai eu un début de preuve que cette signature a servi pour des lettres de recommandation que je n'avais pas rédigées.