Quand je n'étais pas avec les vaches, je m'occupais du jardin de ma tante.
C'est un grand jardin, formant un rectangle allongé, comportant la maison principale et une fermette en ruine. Chaque section de ce rectangle comporte une flore particulière, et je m'efforce de n'entretenir que les abords immédiats de la maison, et de laisser le reste en paix.
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Au fil des années, cette décision est payante: les fleurs sauvages regagnent peu à peu du terrain, de nouvelles espèces apparaissent, et les papillons trouvent de quoi se reproduire et se nourrir.
Voici par exemple des arums sauvages et de grandes euphorbes:
Et une minuscule fleur indéterminée:
Pour un humain, il est parfois difficile de s'empêcher de débiter un arbre mort, de supprimer des ronces, de faucher des orties. On veut pouvoir arpenter chaque mètre carré, tandis que je n'ouvre que des passages parmi les hautes herbes.
L'ancien verger est devenu pépinière pour un futur bois de chêne - pour l'instant, les chênes épars nous fournissent en cèpes abondamment.
L'ancien potager est devenu une prairie: les orchidées, liserons, campanules, et mille sortes de graminées grouillent d'insectes et d'arachnides.
A l'arrière de la maison, au nord, une châtaigneraie envahie de lauriers cerise que je dégage peu à peu. Les châtaigniers, frênes, chênes, noisetiers reprennent alors le dessus, le sol riche se couvre de jacinthes et de digitales.
Ce printemps, deux choses un peu inhabituelles: une huppe - elles ont fait irruption il y a quelques années et se sont établies dans le jardin. Grâce à mon super zoom, j'ai pu la photographier tandis qu'elle poussait ses "houpoupoupe!"
Une variété de moustiques d'assez grande taille, qui émergeaient en nombre dès six heures du soir, et dont je peux attester qu'il s'agit bien de moustiques qui piquent!
Et comme chaque année, des hulottes ont fait leur nid sous nos fenêtres. malheureusement les petits sont partis avant que j'aie mon nouvel appareil, donc les voici photographiés avec l'ancien, il y a quinze jours:
Et puis il y a Sarah, notre chienne. Venue de Grèce il y a dix ans, elle est restée murée des années dans une forme d'autisme, du fait sans doute d'avoir été abandonnée là par mon oncle. Elle tournait en boucle toute la journée autour du parterre situé devant la maison. Quand on entrait ou sortait en voiture, elle se mordait la queue et décrivait des cercles sur elle-même, résultat sans doute d'une raclée que je lui ai donnée quand elle s'était lancée sur la route pour suivre la voiture. Indifférente à tout, détestant simplement les chats, capable de mordre quiconque s'approchait de sa pâtée, elle s'est progressivement transformée à la mort de Marquise, qui bénéficiait de toutes les attentions, en un chien affectueux et doux. Elle est restée joueuse malgré son âge, et maintenant qu'elle sait que nous l'aimons, elle s'est apaisée, passe de longs moments allongée sur le dos, m'accompagne au jardin quand je vais faucher, suit la tondeuse des heures durant, essayant d'attraper des brins d'herbe. Il est étrange de voir combien les chiens apprécient de voir les hommes travailler: Marquise le faisait en son temps: s'allonger à deux mètres de la faux, sur l'herbe tombée, et me regarder faire, se déplaçant à mesure que j'éclaircissais.
Nous avons, tous les deux, de longues conversations que les non initiés trouveront sans doute peu intéressantes. Je parle en langage humain mâtiné de chienchien, et elle répond par des regards, soupirs, mouvements de queue, de patte ou d'oreille:
"Oui ma belle chiennechienne, ça c'est du beau chienchien, oh il est très très beau ce chienchien, et comme tu es jolie ma Sarah! C'est du chienchien de bonne qualité, ça, ouh c'est de la bonne qualité, bien grasse, fais voir cette cuissette? Et la papatte? Et le petit ventre? Oh que c'est joli ce petit ventre, ma chiennechienne, tu es belle, toute belle, graaaouuuffff ça c'est du beau chienchien. Est-ce que tu es un gentil petit chien? Est-ce que tu es une belle Sarah? Oh oui, je crois, oui oui tu es un gentil chienchien, on peut dire ça, une belle chiennechienne bien grassouillette. Est-ce que tu sens bon? Fais voir si tu sens bon - ouh... poufpoufpouf. Tu devrais quand même prendre des bains. Mais comme tu es mignonne! Bizzsmackglurp! Est-ce que tu as des pupuces? Fais voir si tu as des pupuces ma Sarah ? Oh! Qu'est-ce que c'est que ça? Ah non, ce n'est pas une pupuce, c'est bien ma belle, tu es toute propre. Wouf! On va se balader? Allez, zou!"
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